Nous pouvons ( et nous devons ) penser le travail autrement

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Chloé, qui a été stagiaire chez nous, nous livre un témoignage fort, reflet d'une génération qui aspire à un nouveau modèle de travail.

La scolarité, un avant-goût de la vie active 

Depuis mes années collège, j’ai toujours entretenu une relation ambiguë avec le cadre scolaire. Malgré ma curiosité insatiable pour de nombreuses matières (plus particulièrement pour les lettres) et mon envie de me surpasser, je me sentais comme étriquée ; coincée dans un moule qui ne m’était pas adapté. Cela s’est d’ailleurs avéré être, à terme, très anxiogène – une anxiété qui me poursuivra d’ailleurs jusqu’à mes années lycée.

Une fois mon bac en poche, je me suis lancée dans les études supérieures. D’abord tentée par la psychologie, je me suis finalement orientée vers la Communication et étudie aujourd’hui à l’EFAP.

Je pensais que cette nouvelle liberté me libèrerait de mes démons. Mais là encore, il a fallu composer avec une anxiété chronique. Et je ne vous parle pas de mon entrée dans la vie active.

L’anxiété n’est pas le fil conducteur de cette tribune. Mais cette sensibilité m’a conduite, très jeune, à repenser nos modes de fonctionnement dans le monde professionnel.

Cette sensation de pression permanente (bien qu’implicite et sous-jacente) m’a amenée à m’interroger. D’ailleurs, nombreux sont ceux à m’avoir posé la question. Y-a-t-il un déclencheur particulier ? Quels sont les événements qui sont vécus, pour moi, comme générateurs de stress ? Après réflexion, je dirais qu’il s’agit davantage d’une atmosphère ambiante. D’une accumulation de constats alarmants, de process inutiles et de courses à la performance.

“Humanité et Bienveillance sont les deux ingrédients déficitaires dans nos organisations”

Depuis mes 18 ans (désormais âgée de 24), je travaille en tant que conseillère de vente lors de contrats saisonniers. Bien que très formatrices, ces expériences ont apporté leur lot de contrariété.

Dans une première boutique, je fondais en larmes après être restée plus de 5 heures à replier la même pile de t-shirts dans un minuscule espace sans le moindre client (car « même sans trafic, une vendeuse ne doit jamais rester inactive »). Dans une autre, je subissais le harcèlement moral d’une responsable persuadée que la terreur était un management efficace (et j’apprenais par la suite que cinq vendeurs avant moi n’y avaient pas survécu, dont deux tombés en burn-out). Dans une troisième, je me faisais insulter par mon manager après qu’un client m’ait laissé (à mon insu) son numéro. Dans une autre encore, le responsable adjoint ne cessait d’appliquer une hiérarchie machiste – en prenant soin de glisser régulièrement certaines allusions douteuses.

Sans parler de la pression constante du « top management » pour atteindre l’objectif de chiffre d’affaires (et ce, quelle que soit l’enseigne).

Je force volontairement le trait (car j’ai pu vivre d’autres expériences bien plus positives) mais en compilant différentes observations – dans le cadre de ma scolarité, de mon statut de vendeuse ou même de mes différentes expériences de stage en communication – j’en suis venue à la conclusion suivante : Humanité et Bienveillance sont les deux ingrédients déficitaires dans nos organisations.

 Travail et hédonisme peuvent être compatibles

J’ai remarqué, à titre personnel, que plus les contraintes étaient lourdes, l’atmosphère délétère ou le management autoritaire, moins je me sentais impliquée – si ce n’est même épanouie – dans ma fonction. À l’inverse, plus le regard est bienveillant, plus le travail est collaboratif, plus la cohésion d’équipe est renforcée et plus je me sens épanouie et valorisée dans ma tâche – donc plus sereine.

Un management « de la peur », une hiérarchie jugée trop « verticale », le sexisme, le harcèlement moral, les sanctions punitives, les menaces implicites, la compétitivité dans l’équipe, la perte de sens, la sensation de ne pas être entendu … sont autant de facteurs responsables de la perte d’engagement significative des salariés dans leur entreprise.

J’admire ceux qui savent en faire abstraction et continuent leur petit bout de chemin sans sourciller. Mais ça n’est pas mon cas. Et je reste intimement persuadée que pour beaucoup, nous méritons mieux. Nous dédions plus de 60% de notre quotidien à notre travail. Est-ce vraiment utopique de penser qu’il serait possible d’y trouver davantage de plaisir ?

Génération extra-lucide

Intégrer, en tant que stagiaire, une entreprise comme Coach Me Happy (agence spécialisée dans le bien-être en entreprise) m’a permis de retrouver un peu d’optimisme et de sens à mes ambitions. La communication est un secteur si vaste, trop vaste … Entre agences et annonceurs, difficile de faire le tri. En tant que communicants, nous pouvons être amenés à participer à des projets plus ou moins éthiques ou porteurs de sens – cela sera fonction de l’entreprise que nous allons rejoindre.

La nouvelle génération (et la mienne en première ligne) ne se contente plus d’un travail au salaire honnête : nous avons compris que l’argent ne faisait pas le bonheur et que des changements majeurs devenaient nécessaires.

Le sens s’est peu à peu dissout dans la quête de profit. Mais avec les problématiques écologiques et sociétales grandissantes, ces nouvelles générations développent une lucidité extrême qui les poussent à une certaine intransigeance dans leur choix de carrière. À une certaine désillusion, aussi. Combien de fois ai-je entendu : « Dans 10 ans, j’irai vivre en montagnes élever un troupeau de moutons ». Avant même d’avoir mis un pied dans la vie active, nous sommes suffisamment lucides pour savoir que ce à quoi nous nous destinons nous aura à l’usure – du moins, si rien ne venait à changer. Que l’argent ne fera qu’un temps et qu’il faudra, ensuite, laisser place à l’épanouissement de soi. Il est fort dommage d’imaginer, la vingtaine à peine accomplie, qu’il sera nécessaire de s’exiler pour espérer vivre sereinement.

“L’entraide, le partage, la communication sont l’avenir de l’entreprise”

Bien que je ne fasse pas de mon cas une généralité, je remarque que nous sommes pourtant nombreux à déplorer une certaine hypocrisie latente dans nos activités. «  Les valeurs de l’entreprise font-elles écho à celles que je défends ? Mon travail a-t-il un impact positif sur notre société ou sur notre planète ? Suis-je content(e) de me rendre au bureau le matin ? Suis-je fier(e) d’appartenir à mon entreprise ? » Ces questions intérieures, autrefois jugées secondaires, sont aujourd’hui au premier plan. Cette nécessité d’être alignée, d’être soi, d’être intègre me touche tout particulièrement. Je pensais être un cas isolé mais en y regardant de plus près, je sais aujourd’hui que je ne suis pas seule.

Et en cela, je retrouve espoir. Nous avons pris conscience des failles de notre système et les start-ups aux modèles managériaux innovants ne cessent de fleurir. Bien évidemment, être productif et performant est une condition sine-qua-non pour la réussite de nos entreprises. Mais il existe 1 001 manières d’encourager la performance. Il n’existe pas un seul modèle de management applicable à l’ensemble des organisations. Malgré mon manque d’expérience, je dirais qu’il s’agit avant tout d’un savant mélange entre professionnalisme et humanisme.

Les tendances du télé-travail, du flex-office, des méthodes agiles ou du management collaboratif ont fait leur preuve et démontrent que, plus l’autonomie est accordée et plus la parole est libérée, plus l’individu est capable d’exprimer son potentiel de manière exponentielle. L’entraide, le partage, la COMMUNICATION (en tant qu’échange)  sont l’avenir de l’entreprise.

Le chemin est encore long mais je reste optimiste ; je sais que des jours meilleurs nous attendent. À nous désormais de nous engager vers la voie du changement …

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Chloé Lenoir

Chargée de communication et marketing chez Coach Me Happy

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